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La genèse de Céline

Le 3 juin 2017, date officielle de ma seconde naissance, je bénéficie d’une opération de réassignation sexuelle (SRS) ainsi qu’une féminisation du visage (FFS). J’insiste sur le verbe bénéficier… en aucun cas je n’ai subi ces opérations. En règle générale, nous passons sur le billard pour régler un problème, soigner quelque chose de précis. Dans mon cas, c’est mon âme et mon esprit qu’il fallait soigner, leurs donner le corps qui convient.

Après 6h30 de chirurgie, je me réveille dans ma chambre d’hôpital avec des bandages autour du crâne et entre les jambes… ça y est, c’est fait ! Ce moment tant attendu est enfin arrivé.

5 jours après ces lourdes opérations, je quittais l’hôpital en marchant… doucement mais sûrement. Les hématomes du visage s’étaient presque dissipés, un léger maquillage en cachait les derniers stigmates. C’est bien en tant que femme que j’ai quitté cet hôpital. En comparant les photos de mon visage en entrant à l’hôpital et en en sortant, le contraste est saisissant. Pourtant, ce changement radical n’est pas uniquement dû à la chirurgie. Le pouvoir de l’esprit sur le corps est une très vieille histoire remontant à Hippocrate, père de la médecine au 4ème siècle.

N’ayant jamais « pratiquer » la vie de femme avant ce jour J, il a fallu que je m’adapte très rapidement. Vivant chacun dans son genre, on se s’imagine pas de la quantité de petites choses qui différencient les hommes des femmes. Il n’y a pas de période d’essai… il faut s’adapter immédiatement. Une fois de plus, rien en moi n’a changé mais la perception que les autres ont de moi est fondamentalement différente. Il faut donc, du jour au lendemain, s’adapter aux codes du sexe féminin et oublier les vieux réflexes masculins.

Pas si facile, dans les premiers jours, il m’arrivait encore de me planter devant les toilettes et chercher mon pénis disparu. On parle souvent du membre fantôme pour les amputés et les douleurs qu’ils apportent. Je ne pense pas qu’il existe une personne au monde qui soit ravie de se faire amputer une jambe ou un bras. Dans le cas des femmes transgenres, nous sommes très heureuses de se faire amputer ce membre.

Je n’ai jamais ressenti ce membre fantôme ou un manque quelconque, fouiller dans mon slip s’apparentait davantage à un réflexe.

L’orientation sexuelle d’une personne n’a rien à voir avec son orientation de genre. Généralement, une personne qui « change » de genre, ne change pas d’orientation sexuelle. Toute ma vie, j’ai vécu avec des femmes, pourtant aujourd’hui, je préfère la compagnie des hommes. Je suis une exception parmi les femmes transgenres mais cela présente le grand avantage d’explorer l’autre moitié de l’humanité…

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